Page:Dumas - Le Collier de la reine, 1888, tome 1.djvu/37

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— C’est une chance, monsieur le comte ; veuillez suivre mon raisonnement.

— Je le suis.

— Nous le suivons.

— Oui ! oui ! répétèrent tous les convives.

Et avec des signes d’intérêt non équivoques, chacun s’accouda sur la table et se mit à écouter.

La voix de Cagliostro rompit le silence.

— Quelle est la première condition de la vie ? dit-il en développant, par un geste élégant et facile, deux belles mains blanches chargées de bagues, parmi lesquelles celle de la reine Cléopâtre brillait comme l’étoile polaire. La santé, n’est-ce pas ?

— Oui, certes, répondirent toutes les voix.

— Et la condition de la santé, c’est…

— Le régime, dit le comte de Haga.

— Vous avez raison, monsieur le comte, c’est le régime qui fait la santé. Eh bien ! pourquoi ces gouttes de mon élixir ne constitueraient-elles pas le meilleur régime possible !

— Qui le sait ?

— Vous, comte.

— Oui, sans doute, mais…

— Mais pas d’autres, fit madame Dubarry.

— Cela, madame, c’est une question que nous traiterons tout à l’heure. Donc, j’ai toujours suivi le régime de mes gouttes, et comme elles font la réalisation du rêve éternel des hommes de tout temps, comme elles sont ce que les anciens cherchaient sous le nom d’eau de jeunesse, ce que les modernes ont cherché sous le nom d’élixir de vie, j’ai constamment conservé ma jeunesse ; par conséquent, ma santé ; par conséquent, ma vie. C’est clair.

— Mais cependant tout s’use, comte, le plus beau corps comme les autres.

— Celui de Pâris comme celui de Vulcain, dit la comtesse.

— Vous avez sans doute connu Pâris, monsieur de Cagliostro ?

— Parfaitement, madame ; c’était un fort joli garçon ;