Page:Dumas - Le Collier de la reine, 1888, tome 1.djvu/55

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Tandis qu’il accomplissait ce mouvement, les yeux de Cagliostro se portèrent sur Taverney.

— Oh ! s’écria celui-ci, qui crut qu’il allait parler, ne me dites pas ce que je deviendrai ; je ne vous le demande pas, moi.

— Eh bien ! moi je le demande à sa place, dit Richelieu.

— Vous, monsieur le maréchal, dit Cagliostro, rassurez-vous, car vous êtes le seul de nous tous qui mourrez dans votre lit.

— Le café, messieurs ! dit le vieux maréchal, enchanté de la prédiction. Le café !

Chacun se leva.

Mais avant de passer au salon, le comte de Haga, s’approchant de Cagliostro :

— Monsieur, dit il, je ne songe pas à fuir le destin, mais dites-moi de quoi il faut que je me défie ?

— D’un manchon, Sire, répondit Cagliostro.

Monsieur de Haga s’éloigna.

— Et moi ? demanda Condorcet.

— D’une omelette.

— Bon, je renonce aux œufs.

Et il rejoignit le comte.

— Et moi, dit Favras, qu’ai-je à craindre ?

— Une lettre.

— Bon, merci.

— Et moi ? demanda de Launay.

— La prise de la Bastille.

— Oh ! me voilà tranquille.

Et il s’éloigna en riant.

— À mon tour, monsieur, fit la comtesse toute troublée.

— Vous, belle comtesse, défiez-vous de la place Louis XV !

— Hélas ! répondit la comtesse, déjà un jour je m’y suis égarée ; j’ai bien souffert. Ce jour-là j’avais perdu la tête.

— Eh bien ! cette fois encore vous la perdrez, comtesse, mais vous ne la retrouverez pas.