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Page:Dumas - Le Comte de Monte-Cristo (1889) Tome 1.djvu/107

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Il avait fait deux pas en avant, il demeura immobile à sa place en voyant ce surcroît de force.

— Venez-vous me chercher ? demanda Dantès.

— Oui, répondit un des gendarmes.

— De la part de M. le substitut du procureur du roi ?

— Mais je le pense.

— Bien, dit Dantès, je suis prêt à vous suivre.

La conviction qu’on venait le chercher de la part de M. de Villefort ôtait toute crainte au malheureux jeune homme : il s’avança donc, calme d’esprit, libre de démarche, et se plaça de lui-même au milieu de son escorte.

Une voiture attendait à la porte de la rue, le cocher était sur son siège, un exempt était assis près du cocher.

— Est-ce donc pour moi que cette voiture est là ? demanda Dantès.

— C’est pour vous, répondit un des gendarmes, montez.

Dantès voulut faire quelques observations, mais la portière s’ouvrit, il sentit qu’on le poussait ; il n’avait ni la possibilité ni même l’intention de faire résistance, il se trouva en un instant assis au fond de la voiture, entre deux gendarmes ; les deux autres s’assirent sur la banquette de devant, et la pesante machine se mit à rouler avec un bruit sinistre.

Le prisonnier jeta les yeux sur les ouvertures, elles étaient grillées : il n’avait fait que changer de prison ; seulement celle-là roulait, et le transportait en roulant vers un but ignoré. À travers les barreaux serrés à pouvoir à peine y passer la main, Dantès reconnut cependant qu’on longeait la rue Caisserie, et que par la rue Saint-Laurent et la rue Taramis on descendait vers le quai.

Bientôt il vit à travers ses barreaux, à lui, et les