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Page:Dumas - Le Comte de Monte-Cristo (1889) Tome 1.djvu/147

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— Sur l’affaire de la rue Saint-Jacques ! s’écria Villefort ne pouvant retenir une exclamation.

Mais, s’arrêtant tout à coup :

— Pardon, sire, dit-il, mon dévouement à Votre Majesté me fait sans cesse oublier, non le respect que j’ai pour elle, ce respect est trop profondément gravé dans mon cœur, mais les règles de l’étiquette.

— Dites et faites, Monsieur, reprit Louis XVIII ; vous avez acquis aujourd’hui le droit d’interroger.

— Sire, répondit le ministre de la police, je venais justement aujourd’hui donner à Votre Majesté les nouveaux renseignements que j’avais recueillis sur cet événement, lorsque l’attention de Votre Majesté a été détournée par la terrible catastrophe du golfe ; maintenant ces renseignements n’auraient plus aucun intérêt pour le roi.

— Au contraire, Monsieur, au contraire, dit Louis XVIII, cette affaire me semble avoir un rapport direct avec celle qui nous occupe, et la mort du général Quesnel va peut-être nous mettre sur la voie d’un grand complot intérieur.

À ce nom du général Quesnel, Villefort frissonna.

— En effet, sire, reprit le ministre de la police, tout porterait à croire que cette mort est le résultat, non pas d’un suicide, comme on l’avait cru d’abord, mais d’un assassinat : le général Quesnel sortait, à ce qu’il paraît, d’un club bonapartiste lorsqu’il a disparu. Un homme inconnu était venu le chercher le matin même et lui avait donné rendez-vous rue Saint-Jacques ; malheureusement le valet de chambre du général, qui le coiffait au moment où cet inconnu a été introduit dans le cabinet, a bien entendu qu’il désignait la rue Saint-Jacques, mais n’a pas retenu le numéro.

À mesure que le ministre de la police donnait au roi