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Page:Dumas - Le Comte de Monte-Cristo (1889) Tome 2.djvu/153

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— Non ; mais il n’en a pas moins un chez lui fort confortable, à ce qu’on assure du moins.

— Vous connaissez donc ce chef ?

— J’en ai entendu parler.

— En bien ou en mal ?

— Des deux façons.

— Diable ! Et quelle est cette condition ?

— C’est de vous laisser bander les yeux et de n’ôter votre bandeau que lorsqu’il vous y invitera lui-même.

Franz sonda autant que possible le regard de Gaetano pour savoir ce que cachait cette proposition.

— Ah ! dame ! reprit celui-ci répondant à la pensée de Franz, je le sais bien, la chose mérite réflexion.

— Que feriez-vous à ma place ? fit le jeune homme.

— Moi, qui n’ai rien à perdre, j’irais.

— Vous accepteriez ?

— Oui, ne fût-ce que par curiosité.

— Il y a donc quelque chose de curieux à voir chez ce chef ?

— Écoutez, dit Gaetano en baissant la voix, je ne sais pas si ce qu’on dit est vrai…

Il s’arrêta en regardant si aucun étranger ne l’écoutait.

— Et que dit-on ?

— On dit que ce chef habite un souterrain auprès duquel le palais Pitti est bien peu de chose.

— Quel rêve ! dit Franz en se rasseyant.

— Oh ! ce n’est pas un rêve, continua le patron, c’est une réalité ! Cama, le pilote du Saint-Ferdinand, y est entré un jour, et il en est sorti tout émerveillé, en disant qu’il n’y a de pareils trésors que dans les contes de fées.

— Ah çà ! mais, savez-vous, dit Franz, qu’avec de pareilles paroles vous me feriez descendre dans la caverne d’Ali-Baba ?