Page:Dumas - Le Comte de Monte-Cristo (1889) Tome 2.djvu/163

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— Oh ! mon Dieu, oui. J’ai l’air d’être bien peu curieux, n’est-ce pas ? mais je vous assure qu’il n’y a pas de ma faute si j’ai tant tardé ; cela viendra un jour ou l’autre !

— Et comptez-vous faire bientôt ce voyage ?

— Je ne sais encore, il dépend de circonstances soumises à des combinaisons incertaines.

— Je voudrais y être à l’époque où vous y viendrez, je tâcherais de vous rendre, en tant qu’il serait en mon pouvoir, l’hospitalité que vous me donnez si largement à Monte-Cristo.

— J’accepterais votre offre avec un grand plaisir, reprit l’hôte ; mais malheureusement, si j’y vais, ce sera peut-être incognito.

Cependant le souper s’avançait et paraissait avoir été servi à la seule intention de Franz ; car à peine si l’inconnu avait touché du bout des dents à un ou deux plats du splendide festin qu’il lui avait offert, et auquel son convive inattendu avait fait si largement honneur.

Enfin, Ali apporta le dessert, ou plutôt prit les corbeilles des mains des statues et les posa sur la table.

Entre les deux corbeilles il plaça une petite coupe de vermeil fermée par un couvercle de même métal.

Le respect avec lequel Ali avait apporté cette coupe piqua la curiosité de Franz. Il leva le couvercle et vit une espèce de pâte verdâtre qui ressemblait à des confitures d’angélique, mais qui lui était parfaitement inconnue.

Il replaça le couvercle, aussi ignorant de ce que la coupe contenait après avoir remis le couvercle qu’avant de l’avoir levé, et, en reportant les yeux sur son hôte, il le vit sourire de son désappointement.