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Page:Dumas - Le Comte de Monte-Cristo (1889) Tome 2.djvu/192

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touché de cette aptitude, lui fit cadeau de plusieurs cahiers de papier, d’un paquet de plumes et d’un canif.

Ce fut une nouvelle étude à faire, mais étude qui n’était rien auprès de la première. Huit jours après il maniait la plume comme il maniait le stylet.

Le curé raconta cette anecdote au comte de San-Felice, qui voulut voir le petit pâtre, le fit lire et écrire devant lui, ordonna à son intendant de le faire manger avec les domestiques, et lui donna deux piastres par mois.

Avec cet argent, Luigi acheta des livres et des crayons.

En effet, il avait appliqué à tous les objets cette facilité d’imitation qu’il avait, et, comme Giotto enfant, il dessinait sur ses ardoises ses brebis, les arbres, les maisons.

Puis, avec la pointe de son canif, il commença à tailler le bois et à lui donner toutes sortes de formes. C’est ainsi que Pinelli, le sculpteur populaire, avait commencé.

Une jeune fille de six ou sept ans, c’est-à-dire un peu plus jeune que Vampa, gardait de son côté les brebis dans une ferme voisine de Palestrina ; elle était orpheline, née à Valmontone, et s’appelait Teresa.

Les deux enfants se rencontraient, s’asseyaient l’un près de l’autre, laissaient leurs troupeaux se mêler et paître ensemble, causaient, riaient et jouaient ; puis, le soir, on démêlait les moutons du comte de San-Felice de ceux du baron de Cervetri, et les enfants se quittaient pour revenir à leur ferme respective, en se promettant de se retrouver le lendemain matin.

Le lendemain ils tenaient parole, et grandissaient ainsi côte à côte.

Vampa atteignit douze ans, et la petite Teresa onze.

Cependant leurs instincts naturels se développaient.

À côté du goût des arts que Luigi avait poussé aussi