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Page:Dumas - Le Comte de Monte-Cristo (1889) Tome 2.djvu/240

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La comtesse répondit en faisant un charmant salut à Albert et en tendant la main à Franz.

Albert, invité par elle, prit la place vide sur le devant, et Franz s’assit au second rang derrière la comtesse.

Albert avait trouvé un excellent sujet de conversation : c’était Paris ; il parlait à la comtesse de leurs connaissances communes. Franz comprit qu’il était sur le terrain. Il le laissa aller, et, lui demandant sa gigantesque lorgnette, il se mit à son tour à explorer la salle.

Seule sur le devant d’une loge, placée au troisième rang en face d’eux, était une femme admirablement belle, vêtue d’un costume grec, qu’elle portait avec tant d’aisance qu’il était évident que c’était son costume naturel.

Derrière elle, dans l’ombre, se dessinait la forme d’un homme dont il était impossible de distinguer le visage.

Franz interrompit la conversation d’Albert et de la comtesse pour demander à cette dernière si elle connaissait la belle Albanaise qui était si digne d’attirer non seulement l’attention des hommes, mais encore des femmes.

— Non, dit-elle ; tout ce que je sais, c’est qu’elle est à Rome depuis le commencement de la saison ; car, à l’ouverture du théâtre, je l’ai vue où elle est ; et depuis un mois elle n’a pas manqué une seule représentation, tantôt accompagnée de l’homme qui est avec elle en ce moment, tantôt suivie simplement d’un domestique noir.

— Comment la trouvez-vous, comtesse ?

— Extrêmement belle. Medora devait ressembler à cette femme.

Franz et la comtesse échangèrent un sourire. Elle se remit à causer avec Albert, et Franz à lorgner son Albanaise.