Page:Dumas - Le Comte de Monte-Cristo (1889) Tome 2.djvu/284

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— Pour nous faire d’ici à demain des habits de paysans romains, aussi élégants que possible, dit Albert.

Maître Pastrini secoua la tête.

— Vous faire d’ici à demain deux habits ! s’écria-t-il, voilà bien, j’en demande pardon à Vos Excellences, une demande à la française ; deux habits ! quand d’ici à huit jours vous ne trouveriez certainement pas un tailleur qui consentit à coudre six boutons à un gilet, lui payassiez-vous ces boutons un écu la pièce !

— Alors il faut donc renoncer à se procurer les habits que je désire ?

— Non, parce que nous aurons ces habits tout faits. Laissez-moi m’occuper de cela, et demain vous trouverez en vous éveillant une collection de chapeaux, de vestes et de culottes dont vous serez satisfaits.

— Mon cher, dit Franz à Albert, rapportons-nous-en à notre hôte, il nous a déjà prouvé qu’il était homme de ressources ; dînons donc tranquillement, et après le dîner allons voir l’Italienne à Alger.

— Va pour l’Italienne à Alger, dit Albert ; mais songez, maître Pastrini, que moi et monsieur, continua-t-il en désignant Franz, nous mettons la plus haute importance à avoir demain les habits que nous vous avons demandés.

L’aubergiste affirma une dernière fois à ses hôtes qu’ils n’avaient à s’inquiéter de rien et qu’ils seraient servis à leurs souhaits ; sur quoi Franz et Albert remontèrent pour se débarrasser de leurs costumes de paillasses.

Albert, en dépouillant le sien, serra avec le plus grand soin son bouquet de violettes : c’était son signe de reconnaissance pour le lendemain.

Les deux amis se mirent à table ; mais, tout en dînant, Albert ne put s’empêcher de remarquer la différence notable qui existait entre les mérites respectifs du cuisinier