Page:Dumas - Le Comte de Monte-Cristo (1889) Tome 2.djvu/286

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À peine furent-ils entrés dans sa loge qu’elle fit signe à Franz de se mettre à la place d’honneur.

Albert, à son tour, se plaça derrière.

— Eh bien ! dit-elle, donnant à peine à Franz le temps de s’asseoir, il paraît que vous n’avez rien eu de plus pressé que de faire connaissance avec le nouveau lord Ruthwen, et que vous voilà les meilleurs amis du monde ?

— Sans que nous soyons si avancés que vous le dites dans une intimité réciproque, je ne puis nier, madame la comtesse, répondit Franz, que nous n’ayons toute la journée abusé de son obligeance.

— Comment, toute la journée ?

— Ma foi, c’est le mot : ce matin nous avons accepté son déjeuner, pendant toute la mascherata nous avons couru le Corso dans sa voiture, enfin ce soir nous venons au spectacle dans sa loge.

— Vous le connaissiez donc ?

— Oui et non.

— Comment cela ?

— C’est toute une longue histoire.

— Que vous me raconterez ?

— Elle vous ferait trop peur.

— Raison de plus.

— Attendez au moins que cette histoire ait un dénoûment.

— Soit, j’aime les histoires complètes. En attendant comment vous êtes-vous trouvés en contact ? qui vous a présentés à lui ?

— Personne ; c’est lui au contraire qui s’est fait présenter à nous.

— Quand cela ?

— Hier soir, en vous quittant.

— Par quel intermédiaire ?