Page:Dumas - Le Comte de Monte-Cristo (1889) Tome 2.djvu/317

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La route que suivait la voiture était l’ancienne voie Appienne, toute bordée de tombeaux. De temps en temps, au clair de la lune qui commençait à se lever, il semblait à Franz voir comme une sentinelle se détacher d’une ruine ; mais aussitôt, à un signe échangé entre Peppino et cette sentinelle, elle rentrait dans l’ombre et disparaissait.

Un peu avant le cirque de Caracalla, la voiture s’arrêta, Peppino vint ouvrir la portière, et le comte et Franz descendirent.

— Dans dix minutes, dit le comte à son compagnon, nous serons arrivés.

Puis il prit Peppino à part, lui donna un ordre tout bas, et Peppino partit après s’être muni d’une torche que l’on tira du coffre du coupé.

Cinq minutes s’écoulèrent encore, pendant lesquelles Franz vit le berger s’enfoncer par un petit sentier au milieu des mouvements de terrain qui forment le sol convulsionné de la plaine de Rome, et disparaître dans ces hautes herbes rougeâtres qui semblent la crinière hérissée de quelque lion gigantesque.

— Maintenant, dit le comte, suivons-le.

Franz et le comte s’engagèrent à leur tour dans le même sentier qui, au bout de cent pas, les conduisit par une pente inclinée au fond d’une petite vallée.

Bientôt on aperçut deux hommes causant dans l’ombre.

— Devons-nous continuer d’avancer ? demanda Franz au comte, ou faut-il attendre ?

— Marchons : Peppino doit avoir prévenu la sentinelle de notre arrivée.

En effet, l’un de ces deux hommes était Peppino, l’autre était un bandit placé en vedette.

Franz et le comte s’approchèrent ; le bandit salua.