Page:Dumas - Le Comte de Monte-Cristo (1889) Tome 2.djvu/325

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hâter, nous aurons encore le temps d’aller finir la nuit chez Torlonia ; vous prendrez votre galop où vous l’avez interrompu, de sorte que vous ne garderez aucune rancune au seigneur Luigi, qui s’est véritablement, dans toute cette affaire, conduit en galant homme.

— Ah ! vraiment, dit-il, vous avez raison, et nous pourrons y être à deux heures. Seigneur Luigi, continua Albert, y a-t-il quelque autre formalité à remplir pour prendre congé de Votre Excellence ?

— Aucune, Monsieur, répondit le bandit, et vous êtes libre comme l’air.

En ce cas, bonne et joyeuse vie ; venez, Messieurs, venez !

Et Albert, suivi de Franz et du comte, descendit l’escalier et traversa la grande salle carrée ; tous les bandits étaient debout et le chapeau à la main.

— Peppino, dit le chef, donne-moi la torche.

— Eh bien ! que faites-vous donc ? demanda le comte.

— Je vous reconduis, dit le capitaine ; c’est bien le moindre honneur que je puisse rendre à Votre Excellence.

Et prenant la torche allumée des mains du pâtre, il marcha devant ses hôtes, non pas comme un valet qui accomplit une œuvre de servilité, mais comme un roi qui précède des ambassadeurs.

Arrivé à la porte il s’inclina.

— Et maintenant, monsieur le comte, dit-il, je vous renouvelle mes excuses, et j’espère que vous ne me gardez aucun ressentiment de ce qui vient d’arriver ?

— Non, mon cher Vampa, dit le comte ; d’ailleurs vous rachetez vos erreurs d’une façon si galante, qu’on est presque tenté de vous savoir gré de les avoir commises.

— Messieurs ! reprit le chef en se retournant du côté des jeunes gens, peut-être l’offre ne vous paraîtra-t-elle