Page:Dumas - Le Comte de Monte-Cristo (1889) Tome 2.djvu/41

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Une chèvre sauvage avait bondi par-dessus la première entrée de la grotte et broutait à quelques pas de là.

C’était une belle occasion de s’assurer son dîner, mais Dantès eut peur que la détonation du fusil n’attirât quelqu’un.

Il réfléchit un instant, coupa un arbre résineux, alla l’allumer au feu encore fumant où les contrebandiers avaient fait cuire leur déjeuner, et revint avec cette torche.

Il ne voulait perdre aucun détail de ce qu’il allait voir.

Il approcha la torche du trou informe et inachevé, et reconnut qu’il ne s’était pas trompé : ses coups avaient alternativement frappé sur le fer et sur le bois.

Il planta sa torche dans la terre et se remit à l’œuvre.

En un instant un emplacement de trois pieds de long sur deux pieds de large à peu près fut déblayé, et Dantès put reconnaître un coffre de bois de chêne cerclé de fer ciselé. Au milieu du couvercle resplendissaient, sur une plaque d’argent que la terre n’avait pu ternir, les armes de la famille Spada, c’est-à-dire une épée posée en pal sur un écusson ovale, comme sont les écussons italiens, et surmonté d’un chapeau de cardinal.

Dantès les reconnut facilement : l’abbé Faria les lui avait tant de fois dessinées !

Dès lors il n’y avait plus de doute, le trésor était bien là ; on n’eût pas pris tant de précautions pour remettre à cette place un coffre vide.

En un instant tous les alentours du coffre furent déblayés, et Dantès vit tour à tour apparaître la serrure du milieu, placée entre deux cadenas, et les anses des faces latérales ; tout cela était ciselé comme on ciselait à cette époque, où l’art rendait précieux les plus vils métaux.

Dantès prit le coffre par les anses et essaya de le soulever : c’était chose impossible.