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Page:Dumas - Le Comte de Monte-Cristo (1889) Tome 2.djvu/84

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Fernand plus heureux, mais non pas plus tranquille, car je le vis à cette époque et il craignait sans cesse le retour d’Edmond, Fernand s’occupa aussitôt de dépayser sa femme et de s’exiler lui-même : il y avait à la fois trop de dangers et de souvenirs à rester aux Catalans.

Huit jours après la noce ils partirent.

— Et revîtes-vous Mercédès ? demanda le prêtre.

— Oui, au moment de la guerre d’Espagne, à Perpignan, où Fernand l’avait laissée ; elle faisait alors l’éducation de son fils.

L’abbé tressaillit.

— De son fils ? dit-il.

— Oui, répondit Caderousse, du petit Albert.

— Mais pour instruire ce fils, continua l’abbé, elle avait donc reçu de l’éducation elle-même ? Il me semblait avoir entendu dire à Edmond que c’était la fille d’un simple pêcheur, belle mais inculte.

— Oh ! dit Caderousse, connaissait-il donc si mal sa propre fiancée ! Mercédès eût pu devenir reine, Monsieur, si la couronne se devait poser seulement sur les têtes les plus belles et les plus intelligentes. Sa fortune grandissait déjà, et elle grandissait avec sa fortune. Elle apprenait le dessin, elle apprenait la musique, elle apprenait tout. D’ailleurs, je crois, entre nous, qu’elle ne faisait tout cela que pour se distraire, pour oublier, et qu’elle ne mettait tant de choses dans sa tête que pour combattre ce qu’elle avait dans le cœur. Mais maintenant tout doit être dit, continua Caderousse : la fortune et les honneurs l’ont consolée sans doute. Elle est riche, elle est comtesse, et cependant…

Caderousse s’arrêta.

— Cependant, quoi ? demanda l’abbé.