Page:Dumas - Le Comte de Monte-Cristo (1889) Tome 3.djvu/16

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entra. C’était un petit groom de quinze ans, ne parlant qu’anglais et répondant au nom de John, tout le domestique de Morcerf. Bien entendu que dans les jours ordinaires le cuisinier de l’hôtel était à sa disposition, et que dans les grandes occasions le chasseur du comte était mis à sa disposition.

Ce valet de chambre, qui s’appelait Germain et qui jouissait de la confiance entière de son jeune maître, tenait à la main une liasse de journaux qu’il déposa sur une table, et un paquet de lettres qu’il remit à Albert.

Albert jeta un coup d’œil distrait sur ces différentes missives, en choisit deux aux écritures fines et aux enveloppes parfumées, les décacheta et les lut avec une certaine attention.

— Comment sont venues ces lettres ? demanda-t-il.

— L’une est venue par la poste, l’autre a été apportée par le valet de chambre de madame Danglars.

— Faites dire à madame Danglars que j’accepte la place qu’elle m’offre dans sa loge… Attendez donc… puis, dans la journée, vous passerez chez Rosa ; vous lui direz que j’irai, comme elle m’y invite, souper avec elle en sortant de l’Opéra, et vous lui porterez six bouteilles de vins assortis, de Chypre, de Xérès, de Malaga, et un baril d’huîtres d’Ostende… ; prenez les huîtres chez Borel, et dites surtout que c’est pour moi.

— À quelle heure Monsieur veut-il être servi ?

— Quelle heure avons-nous ?

— Dix heures moins un quart.

— Eh bien, servez pour dix heures et demie précises. Debray sera peut-être forcé d’aller à son ministère… Et d’ailleurs… (Albert consulta ses tablettes), c’est bien l’heure que j’ai indiquée au comte, le 21 mai, à dix heures et demie du matin, et quoique je ne fasse pas