Page:Dumas - Le Comte de Monte-Cristo (1889) Tome 3.djvu/166

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Pendant la soirée, Monte-Cristo partit pour Auteuil, accompagné d’Ali.

Le lendemain, vers trois heures, Ali, appelé par un coup de timbre, entra dans le cabinet du comte.

— Ali, lui dit-il, tu m’as souvent parlé de ton adresse à lancer le lasso ?

Ali fit signe que oui et se redressa fièrement.

— Bien !… Ainsi, avec le lasso, tu arrêterais un bœuf ?

Ali fit signe de la tête que oui.

— Un tigre ?

Ali fit le même signe.

— Un lion ?

Ali fit le geste d’un homme qui lance le lasso, et imita un rugissement étranglé.

— Bien, je comprends, dit Monte-Cristo, tu as chassé le lion ?

Ali fit un signe de tête orgueilleux.

— Mais arrêterais-tu, dans leur course, deux chevaux emportés ?

Ali sourit.

— Eh bien ! écoute, dit Monte-Cristo. Tout à l’heure une voiture passera emportée par deux chevaux gris-pommelé, les mêmes que j’avais hier. Dusses-tu te faire écraser, il faut que tu arrêtes cette voiture devant ma porte.

Ali descendit dans la rue et traça devant la porte une ligne sur le pavé : puis il rentra et montra la ligne au comte, qui l’avait suivi des yeux.

Le comte lui frappa doucement sur l’épaule : c’était sa manière de remercier Ali. Puis le Nubien alla fumer sa chibouque sur la borne qui formait l’angle de la maison et de la rue, tandis que Monte-Cristo rentrait sans plus s’occuper de rien.