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avec Morrel et sa famille, partit en murmurant ces vers de Pindare :

« La jeunesse est une fleur dont l’amour est le fruit… Heureux le vendangeur qui le cueille après l’avoir vu lentement mûrir. »

Selon ses ordres, la voiture était prête. Il y monta, et la voiture, comme toujours, partit au galop.



XII

LA FAMILLE MORREL.

Le comte arriva en quelques minutes rue Meslay, no 7.

La maison était blanche, riante et précédée d’une cour dans laquelle deux petits massifs contenaient d’assez belles fleurs.

Dans le concierge qui lui ouvrit cette porte le comte reconnut le vieux Coclès. Mais comme celui-ci, on se le rappelle, n’avait qu’un œil, et que depuis neuf ans cet œil avait encore considérablement faibli, Coclès ne reconnut pas le comte.

Les voitures, pour s’arrêter devant l’entrée, devaient tourner, afin d’éviter un petit jet d’eau jaillissant d’un bassin en rocaille, magnificence qui avait excité bien des jalousies dans le quartier, et qui était cause qu’on appelait cette maison le petit-Versailles.

Inutile de dire que dans le bassin manœuvrait une foule de poissons rouges et jaunes.

La maison, élevée au-dessus d’un étage de cuisines et de caveaux, avait, outre le rez-de-chaussée, deux étages