Page:Dumas - Le Comte de Monte-Cristo (1889) Tome 3.djvu/265

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mesdemoiselles Noblet, Julia et Leroux exécutèrent leurs entrechats ordinaire ; le prince de Grenade fut défié par Robert-Mario ; enfin ce majestueux roi que vous savez fit le tour de la salle pour montrer son manteau de velours, en tenant sa fille par la main ; puis la toile tomba, et la salle se dégorgea aussitôt dans le foyer et les corridors.

Le comte sortit de sa loge, et un instant après apparut dans celle de la baronne Danglars.

La baronne ne put s’empêcher de jeter un cri de surprise légèrement mêlé de joie.

— Ah ! venez donc, monsieur le comte ! s’écria-t-elle, car, en vérité, j’avais hâte de joindre mes grâces verbales aux remerciements écrits que je vous ai déjà faits.

— Oh ! Madame, dit le comte, vous vous rappelez encore cette misère ? Je l’avais déjà oubliée, moi.

— Oui, mais ce qu’on n’oublie pas, monsieur le comte, c’est que vous avez le lendemain sauvé ma bonne amie madame de Villefort du danger que lui faisaient courir ces mêmes chevaux.

— Cette fois encore, madame, je ne mérite pas vos remerciements ; c’est Ali, mon Nubien, qui a eu le bonheur de rendre à madame de Villefort cet éminent service.

— Et est-ce aussi Ali, dit le comte de Morcerf, qui a tiré mon fils des bandits romains ?

— Non, monsieur le comte, dit Monte-Cristo en serrant la main que le général lui tendait, non ; cette fois je prends les remerciements pour mon compte ; mais vous me les avez déjà faits, je les ai déjà reçus, et, en vérité, je suis honteux de vous retrouver encore si reconnaissant. Faites-moi donc l’honneur, je vous prie, madame la baronne, de me présenter à mademoiselle votre fille.

— Oh ! vous êtes tout présenté, de nom du moins, car il y a deux ou trois jours que nous ne parlons que de