Page:Dumas - Le Comte de Monte-Cristo (1889) Tome 3.djvu/317

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toutes deux tout à l’heure, et, sur mon honneur, tout en rendant justice à la beauté de mademoiselle Danglars, je ne comprenais pas qu’un homme devînt amoureux d’elle.

— C’est que, comme vous le disiez, Maximilien, j’étais là, et que ma présence vous rendait injuste.

— Non… mais dites-moi… une question de simple curiosité, et qui émane de certaines idées que je me suis faites sur mademoiselle Danglars.

— Oh ! bien injustes, sans que je sache lesquelles certainement. Quand vous nous jugez, nous autres pauvres femmes, nous ne devons pas nous attendre à l’indulgence.

— Avec cela qu’entre vous vous êtes bien justes les unes envers les autres !

— Parce que, presque toujours, il y a de la passion dans nos jugements. Mais revenez à votre question.

— Est-ce parce que mademoiselle Danglars aime quelqu’un qu’elle redoute son mariage avec M. de Morcerf ?

— Maximilien, je vous ai dit que je n’étais pas l’amie d’Eugénie.

— Eh ! mon Dieu ! dit Morrel, sans être amies, les jeunes filles se font des confidences ; convenez que vous lui avez fait quelques questions là-dessus. Ah ! je vous vois sourire.

— S’il en est ainsi, Maximilien, ce n’est pas la peine que nous ayons entre nous cette cloison de planches.

— Voyons, que vous a-t-elle dit ?

— Elle m’a dit qu’elle n’aimait personne, dit Valentine ; qu’elle avait le mariage en horreur ; que sa plus grande joie eût été de mener une vie libre et indépendante, et qu’elle désirait presque que son père perdît sa fortune pour se faire artiste comme son amie, mademoiselle Louise d’Armilly.