Page:Dumas - Le Comte de Monte-Cristo (1889) Tome 3.djvu/323

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

— Ma foi, dit Maximilien, je suis tenté de croire souvent qu’il devine… le bien surtout.

— Oh ! dit Valentine tristement, faites-moi connaître cet homme, Maximilien, que je sache de lui si je serai assez aimée pour me dédommager de tout ce que j’ai souffert.

— Pauvre amie ! mais vous le connaissez !

— Moi ?

— Oui. C’est celui qui a sauvé la vie à votre belle-mère et à son fils.

— Le comte de Monte-Cristo ?

— Lui-même.

— Oh ! s’écria Valentine, il ne peut jamais être mon ami, il est trop celui de ma belle-mère.

— Le comte, l’ami de votre belle-mère, Valentine ? Mon instinct ne faillirait pas à ce point ; je suis sûr que vous vous trompez.

— Oh ! si vous saviez, Maximilien ! mais ce n’est plus Édouard qui règne à la maison, c’est le comte : recherché de madame de Villefort, qui voit en lui le résumé des connaissances humaines ; admiré, entendez-vous, admiré de mon père, qui dit n’avoir jamais entendu formuler avec plus d’éloquence des idées plus élevées ; idolâtré d’Édouard, qui, malgré sa peur des grands yeux noirs du comte, court à lui aussitôt qu’il le voit arriver, et lui ouvre la main, où il trouve toujours quelque jouet admirable : M. de Monte-Cristo n’est pas ici chez mon père ; M. de Monte-Cristo n’est pas ici chez madame de Villefort : M. de Monte-Cristo est chez lui.

— Eh bien, chère Valentine, si les choses sont ainsi que vous dites, vous devez déjà ressentir ou vous ressentirez bientôt les effets de sa présence. Il rencontre Albert de Morcerf en Italie, c’est pour le tirer des mains