Page:Dumas - Le Comte de Monte-Cristo (1889) Tome 3.djvu/81

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— Fort bien.

Et Monte-Cristo fit au notaire un signe de tête qui voulait dire :

— Je n’ai plus besoin de vous, allez-vous-en.

— Mais, hasarda l’honnête tabellion, monsieur le comte s’est trompé, il me semble ; ce n’est que cinquante mille francs, tout compris.

— Et vos honoraires ?

— Se trouvent payés moyennant cette somme, monsieur le comte.

— Mais n’êtes-vous pas venu d’Auteuil ici ?

— Oui, sans doute.

— Eh bien, il faut bien vous payer votre dérangement, dit le comte.

Et il le congédia du geste.

Le notaire sortit à reculons et en saluant jusqu’à terre ; c’était la première fois, depuis le jour où il avait pris ses inscriptions, qu’il rencontrait un pareil client.

— Conduisez monsieur, dit le comte à Bertuccio.

Et l’intendant sortit derrière le notaire.

À peine le comte fut-il seul qu’il sortit de sa poche un portefeuille à serrure, qu’il ouvrit avec une petite clef attachée à son cou et qui ne le quittait jamais.

Après avoir cherché un instant, il s’arrêta à un feuillet qui portait quelques notes, confronta ces notes avec l’acte de vente déposé sur la table, et, recueillant ses souvenirs :

— Auteuil, rue de la Fontaine, no 28 ; c’est bien cela, dit-il ; maintenant dois-je m’en rapporter à un aveu arraché par la terreur religieuse ou par la terreur physique ? Au reste, dans une heure je saurai tout.

— Bertuccio ! cria-t-il en frappant avec une espèce de petit marteau à manche pliant sur un timbre qui rendit