Page:Dumas - Le Comte de Monte-Cristo (1889) Tome 4.djvu/124

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Cavalcanti met la main sur la clef de son coffre-fort, donne un double tour à la serrure, et voilà maître Andrea obligé de vivre comme un fils de famille parisien, en bizeautant des cartes ou en pipant des dés.

— Ce garçon-là trouvera une princesse bavaroise ou péruvienne ; il voudra une couronne fermée, un Eldorado traversé par le Potose.

— Non, tous ces grands seigneurs de l’autre côté des monts épousent fréquemment de simples mortelles ; ils sont comme Jupiter, ils aiment à croiser les races. Ah çà ! mais, est-ce que vous voulez marier Andrea, mon cher monsieur Danglars, que vous me faites toutes ces questions-là ?

— Ma foi, dit Danglars, cela ne me paraîtrait pas une mauvaise spéculation ; et je suis un spéculateur, moi.

— Ce n’est pas avec mademoiselle Danglars, je présume ? vous ne voudriez pas faire égorger ce pauvre Andrea par Albert ?

— Albert ! dit Danglars en haussant les épaules ; ah ! bien oui, il se soucie pas mal de cela.

— Mais il est fiancé avec votre fille, je crois ?

— C’est-à-dire que M. de Morcerf et moi nous avons quelquefois causé de ce mariage ; mais madame de Morcerf et Albert…

— N’allez-vous pas me dire que celui-ci n’est pas un bon parti ?

— Eh, eh ! mademoiselle Danglars vaut bien M. de Morcerf, ce me semble !

— La dot de mademoiselle Danglars sera belle, en effet, et je n’en doute pas, surtout si le télégraphe ne fait plus de nouvelles folies.

— Oh ! ce n’est pas seulement la dot. Mais, dites-moi donc, à propos !

— Eh bien ?