Page:Dumas - Le Comte de Monte-Cristo (1889) Tome 4.djvu/137

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dans les genoux. Je me cramponnai à la rampe ; si je l’eusse lâchée un instant, je me fusse précipité.

J’arrivai à la porte d’en bas ; en dehors de cette porte, une bêche était posée contre le mur. Je m’étais muni d’une lanterne sourde ; au milieu de la pelouse, je m’arrêtai pour l’allumer, puis je continuai mon chemin.

Novembre finissait, toute la verdure du jardin avait disparu, les arbres n’étaient plus que des squelettes aux longs bras décharnés, et les feuilles mortes criaient avec le sable sous mes pas.

L’effroi m’étreignait si fortement le cœur, qu’en approchant du massif je tirai un pistolet de ma poche et l’armai. Je croyais toujours voir apparaître à travers les branches la figure du Corse.

J’éclairai le massif avec ma lanterne sourde ; il était vide. Je jetai les yeux tout autour de moi, j’étais bien seul ; aucun bruit ne troublait le silence de la nuit, si ce n’est le chant d’une chouette qui jetait son cri aigu et lugubre comme un appel aux fantômes de la nuit.

J’attachai ma lanterne à une branche fourchue que j’avais déjà remarquée un an auparavant, à l’endroit même où je m’arrêtai pour creuser la fosse.

L’herbe avait, pendant l’été, poussé bien épaisse à cet endroit, et, l’automne venu, personne ne s’était trouvé là pour la faucher. Cependant, une place moins garnie attira mon attention ; il était évident que c’était là que j’avais retourné la terre. Je me mis à l’œuvre.

J’en étais donc arrivé à cette heure que j’attendais depuis plus d’un an !

Aussi, comme j’espérais, comme je travaillais, comme je sondais chaque touffe de gazon, croyant sentir de la résistance au bout de ma bêche ; rien ! et cependant je fis un trou deux fois plus grand que n’était le premier. Je