Page:Dumas - Le Comte de Monte-Cristo (1889) Tome 4.djvu/145

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Ceux qui voulaient, si l’on peut dire cela, forcer le passage de son intimité, trouvaient un mur.

Morcerf, qui accourait à lui les bras ouverts, laissa, en le voyant et malgré son sourire amical, tomber ses bras, et osa tout au plus lui tendre la main.

De son côté, Monte-Cristo la lui toucha, comme il faisait toujours, mais sans la lui serrer.

— Eh bien ! me voilà, dit-il, cher comte.

— Soyez le bienvenu.

— Je suis arrivé depuis une heure.

— De Dieppe ?

— Du Tréport.

— Ah ! c’est vrai.

— Et ma première visite est pour vous.

— C’est charmant de votre part, dit Monte-Cristo comme il eût dit toute autre chose.

— Eh bien ! voyons, quelles nouvelles ?

— Des nouvelles ! vous demandez cela à moi, à un étranger !

— Je m’entends : quand je demande quelles nouvelles, je demande si vous avez fait quelque chose pour moi ?

— M’aviez-vous donc chargé de quelque commission ? dit Monte-Cristo en jouant l’inquiétude.

— Allons, allons, dit Albert, ne simulez pas l’indifférence. On dit qu’il y a des avertissements sympathiques qui traversent la distance : eh bien ! au Tréport, j’ai reçu mon coup électrique ; vous avez, sinon travaillé pour moi, du moins pensé à moi.

— Cela est possible, dit Monte-Cristo. J’ai en effet pensé à vous ; mais le courant magnétique dont j’étais le conducteur agissait, je l’avoue, indépendamment de ma volonté.

— Vraiment ! Contez-moi cela, je vous prie.