Page:Dumas - Le Comte de Monte-Cristo (1889) Tome 4.djvu/167

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que, ne sachant quelle chose reprocher au comte, il lui reprochait son avarice.

— Savez-vous quelque chose de sa maison d’Auteuil ?

— Oui, certainement.

— Eh bien ! qu’en savez-vous ?

— Vous demandez dans quel but il l’a achetée ?

— Oui.

— Eh bien ! le comte est un spéculateur qui se ruinera certainement en essais et en utopies : il prétend qu’il y a à Auteuil, dans les environs de la maison qu’il vient d’acquérir, un courant d’eau minérale qui peut rivaliser avec les eaux de Bagnères, de Luchon et de Cauterets. Il veut faire de son acquisition un bad-haus, comme disent les Allemands. Il a déjà deux ou trois fois retourné tout son jardin pour retrouver le fameux cours d’eau ; et comme il n’a pas pu le découvrir, vous allez le voir, d’ici à peu de temps, acheter les maisons qui environnent la sienne. Or, comme je lui en veux, j’espère que dans son chemin de fer, dans son télégraphe électrique ou dans son exploitation de bains, il va se ruiner ; je le suis pour jouir de sa déconfiture, qui ne peut manquer d’arriver un jour ou l’autre.

— Et pourquoi lui en voulez-vous ? demanda le visiteur.

— Je lui en veux, répondit lord Wilmore, parce qu’en passant en Angleterre il a séduit la femme d’un de mes amis.

— Mais si vous lui en voulez, pourquoi ne cherchez-vous pas à vous venger de lui ?

— Je me suis déjà battu trois fois avec le comte, dit l’Anglais : la première fois au pistolet ; la seconde à l’épée ; la troisième à l’espadon.

— Et le résultat de ces duels a été ?