Page:Dumas - Le Comte de Monte-Cristo (1889) Tome 4.djvu/194

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Valentine trouva son aïeule au lit ; muettes caresses, gonflements si douloureux du cœur, soupirs entrecoupés, larmes brûlantes, voilà quels furent les seuls détails racontables de cette entrevue, à laquelle assistait, au bras de son mari, madame de Villefort, pleine de respect, apparent, du moins, pour la pauvre veuve.

Au bout d’un instant, elle se pencha à l’oreille de son mari :

— Avec votre permission, dit-elle, mieux vaut que je me retire, car ma vue paraît affliger encore votre belle-mère.

Madame de Saint-Méran l’entendit.

— Oui, oui, dit-elle à l’oreille de Valentine, qu’elle s’en aille ; mais reste, toi, reste.

Madame de Villefort sortit, et Valentine demeura seule près du lit de son aïeule, car le procureur du roi, consterné de cette mort imprévue, suivit sa femme.

Cependant Barrois était remonté la première fois près du vieux Noirtier ; celui-ci avait entendu tout le bruit qui se faisait dans la maison, et il avait envoyé, comme nous l’avons dit, le vieux serviteur s’informer.

À son retour, cet œil si vivant et surtout si intelligent interrogea le messager :

— Hélas ! monsieur, dit Barrois, un grand malheur est arrivé : madame de Saint-Méran est arrivée, et son mari est mort.

M. de Saint-Méran et Noirtier n’avaient jamais été liés d’une bien profonde amitié ; cependant on sait l’effet que fait toujours sur un vieillard l’annonce de la mort d’un autre vieillard.

Noirtier laissa tomber sa tête sur sa poitrine, comme un homme accablé ou comme un homme qui pense, puis il ferma un seul œil.