dernier bonheur que Dieu a oublié de m’enlever avec les autres.
Il y eut à ces paroles, dans les yeux de Noirtier, une telle expression de malice et de profondeur, que la jeune fille crut y lire ces mots :
— Tu te trompes, je puis encore beaucoup pour toi.
— Tu peux quelque chose pour moi, cher bon papa ? traduisit Valentine.
— Oui.
Noirtier leva les yeux au ciel. C’était le signe convenu entre lui et Valentine lorsqu’il désirait quelque chose.
— Que veux-tu, cher père ? voyons.
Valentine chercha un instant dans son esprit, exprima tout haut ses pensées à mesure qu’elles se présentaient à elle, et voyant qu’à tout ce qu’elle pouvait dire, le vieillard répondait constamment non :
— Allons, fit-elle, les grands moyens, puisque je suis si sotte !
Alors elle récita l’une après l’autre toutes les lettres de l’alphabet depuis A jusqu’à N, tandis que son sourire interrogeait l’œil du paralytique ; à N, Noirtier fit signe que oui.
— Ah ! dit Valentine, la chose que vous désirez commence par la lettre N ; c’est à l’N que nous avons affaire ? Eh bien ! voyons, que lui voulons-nous à l’N ? Na, ne, ni, no.
— Oui, oui, oui, fit le vieillard.
— Ah ! c’est no ?
— Oui.
Valentine alla chercher un dictionnaire qu’elle posa sur un pupitre devant Noirtier ; elle l’ouvrit, et quand elle eut vu l’œil du vieillard fixé sur les feuilles, son doigt courut vivement du haut en bas des colonnes.