Page:Dumas - Le Comte de Monte-Cristo (1889) Tome 4.djvu/36

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me semble, qu’il était en paralysie complète, et que toutes ses facultés étaient anéanties ?

— Oui, ses facultés physiques, car il ne peut pas marcher, il ne peut point parler, et avec tout cela, cependant, il pense, il veut, il agit, comme vous voyez. Je le quitte il y a cinq minutes, et, dans ce moment, il est occupé à dicter un testament à deux notaires.

— Mais alors il a parlé ?

— Il a fait mieux, il s’est fait comprendre.

— Comment cela ?

— À l’aide du regard ; ses yeux ont continué de vivre, et vous voyez, ils tuent.

— Mon ami, dit madame de Villefort qui venait d’entrer à son tour, peut-être vous exagérez-vous la situation ?

— Madame… dit le comte en s’inclinant.

Madame de Villefort salua avec son plus gracieux sourire.

— Mais que me dit donc là M. de Villefort ? demanda Monte-Cristo, et quelle disgrâce incompréhensible ?…

— Incompréhensible, c’est le mot ! reprit le procureur du roi en haussant les épaules, un caprice de vieillard !

— Et il n’y a pas moyen de le faire revenir sur cette décision ?

— Si fait, dit madame de Villefort ; et il dépend même de mon mari que ce testament, au lieu d’être fait au détriment de Valentine, soit fait au contraire en sa faveur.

Le comte, voyant que les deux époux commençaient à parler par paraboles, prit l’air distrait, et regarda avec l’attention la plus profonde et l’approbation la plus marquée Édouard qui versait de l’encre dans l’abreuvoir des oiseaux.

— Ma chère, dit Villefort répondant à sa femme, vous