Page:Dumas - Le Comte de Monte-Cristo (1889) Tome 4.djvu/38

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respect pour M. Noirtier ; je subirai sans me plaindre la punition pécuniaire qu’il m’inflige ; mais je resterai immuable dans ma volonté, et le monde appréciera de quel côté était la saine raison. En conséquence, je marierai ma fille au baron Franz d’Épinay, parce que ce mariage est, à mon sens, bon et honorable, et qu’en définitive je veux marier ma fille à qui me plaît.

— Eh quoi ! dit le comte, dont le procureur du roi avait constamment sollicité l’approbation du regard ; eh quoi ! M. Noirtier déshérite, dites-vous, mademoiselle Valentine, parce qu’elle va épouser M. le baron Franz d’Épinay ?

— Eh ! mon Dieu ! oui, monsieur ; voilà la raison, dit Villefort en haussant les épaules.

— La raison visible, du moins, ajouta madame de Villefort.

— La raison réelle, madame. Croyez-moi, je connais mon père.

— Conçoit-on cela ? répondit la jeune femme ; en quoi, je vous le demande, M. d’Épinay déplaît-il plus qu’un autre à M. Noirtier ?

— En effet, dit le comte, j’ai connu M. Franz d’Épinay, le fils du général de Quesnel, n’est-ce pas, qui a été fait baron d’Épinay par le roi Charles X ?

— Justement, reprit Villefort.

— Eh bien ! mais c’est un jeune homme charmant, ce me semble !

— Aussi n’est-ce qu’un prétexte, j’en suis certaine, dit madame de Villefort ; les vieillards sont tyrans de leurs affections ; M. Noirtier ne veut pas que sa petite-fille se marie.

— Mais, dit Monte-Cristo, ne connaissez-vous pas une cause à cette haine ?