Page:Dumas - Le Comte de Monte-Cristo (1889) Tome 4.djvu/42

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que je voulais éteindre reprendraient de la consistance. Mais non, il n’en sera rien. M. d’Épinay, s’il est honnête homme, se verra encore plus engagé par l’exhérédation de Valentine qu’auparavant ; autrement il agirait donc dans un simple but d’avarice : non, c’est impossible.

— Je pense comme M. de Villefort, dit Monte-Cristo en fixant son regard sur madame de Villefort ; et si j’étais assez de ses amis pour me permettre de lui donner un conseil, je l’inviterais, puisque M. d’Épinay va revenir, à ce que l’on m’a dit du moins, à nouer cette affaire si fortement qu’elle ne se pût dénouer ; j’engagerais enfin une partie dont l’issue doit être si honorable pour M. de Villefort.

Ce dernier se leva, transporté d’une joie visible, tandis que sa femme pâlissait légèrement.

— Bien, dit-il, voilà tout ce que je demandais et je me prévaudrai de l’opinion d’un conseiller tel que vous, dit-il en tendant la main à Monte-Cristo. Ainsi donc, que tout le monde ici considère ce qui est arrivé aujourd’hui comme non avenu ; il n’y a rien de changé à nos projets.

— Monsieur, dit le comte, le monde, tout injuste qu’il est, vous saura, je vous en réponds, gré de votre résolution ; vos amis en seront fiers, et M. d’Épinay, dût-il prendre mademoiselle de Villefort sans dot, ce qui ne saurait être, sera charmé d’entrer dans une famille où l’on sait s’élever à la hauteur de tels sacrifices pour tenir sa parole et remplir son devoir.

En disant ces mots, le comte s’était levé et s’apprêtait à partir.

— Vous nous quittez, monsieur le comte ? dit madame de Villefort.

— J’y suis forcé, madame, je venais seulement vous rappeler votre promesse pour samedi.