Page:Dumas - Le Comte de Monte-Cristo (1889) Tome 4.djvu/88

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faire madame Danglars, malgré le malaise évident qu’elle éprouvait.

Sur la demande de sa femme, M. de Villefort donna donc le premier le signal du départ. Il offrit une place dans son landau à madame Danglars, afin qu’elle eût les soins de sa femme. Quant à M. Danglars, absorbé dans une conversation industrielle des plus intéressantes avec M. Cavalcanti, il ne faisait aucune attention à tout ce qui se passait.

Monte-Cristo, tout en demandant son flacon à madame de Villefort, avait remarqué que M. de Villefort s’était approché de madame Danglars ; et, guidé par sa situation, il avait deviné ce qu’il lui avait dit, quoiqu’il eût parlé si bas qu’à peine si madame Danglars elle-même l’avait entendu.

Il laissa, sans s’opposer à aucun arrangement, partir Morrel, Debray et Château-Renaud à cheval, et monter les deux dames dans le landau de M. de Villefort ; de son côté, Danglars, de plus en plus enchanté de Cavalcanti père, l’invita à monter avec lui dans son coupé.

Quant à Andrea Cavalcanti, il gagna son tilbury, qui l’attendait devant la porte, et dont un groom, qui exagérait les agréments de la fashion anglaise, lui tenait, en se hissant sur la pointe de ses bottes, l’énorme cheval gris de fer.

Andrea n’avait pas beaucoup parlé durant le dîner, par cela même que c’était un garçon fort intelligent, et qu’il avait tout naturellement éprouvé la crainte de dire quelque sottise au milieu de ces convives riches et puissants, parmi lesquels son œil dilaté n’apercevait peut-être pas sans crainte un procureur du roi.

Ensuite, il avait été accaparé par M. Danglars, qui, après un rapide coup d’œil sur le vieux major au cou