Page:Dumas - Le Comte de Monte-Cristo (1889) Tome 5.djvu/119

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— Oh ! ce n’est point cela, murmura le journaliste ; au contraire…

Albert pâlit affreusement : il essaya de parler, mais la parole expira sur ses lèvres.

— Mon ami, dit Beauchamp du ton le plus affectueux, croyez que je serais heureux de vous faire mes excuses, et que ces excuses, je vous les ferais de tout mon cœur, mais hélas !…

— Mais, quoi ?

— La note avait raison, mon ami.

— Comment ! cet officier français…

— Oui.

— Ce Fernand ?

— Oui.

— Ce traître qui a livré les châteaux de l’homme au service duquel il était…

— Pardonnez-moi de vous dire ce que je vous dis, mon ami : cet homme, c’est votre père !

Albert fit un mouvement furieux pour s’élancer sur Beauchamp ; mais celui-ci le retint bien plus encore avec un doux regard qu’avec sa main étendue.

— Tenez, mon ami, dit-il en tirant un papier de sa poche, voici la preuve.

Albert ouvrit le papier ; c’était une attestation de quatre habitants notables de Janina, constatant que le colonel Fernand Mondego, colonel instructeur au service du vizir Ali-Tebelin, avait livré le château de Janina moyennant deux mille bourses.

Les signatures étaient légalisées par le consul.

Albert chancela et tomba écrasé sur un fauteuil.

Il n’y avait point à en douter cette fois, le nom de famille y était en toutes lettres.

Aussi, après un moment de silence muet et