Page:Dumas - Le Comte de Monte-Cristo (1889) Tome 5.djvu/14

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— Mais comment cela s’est-il fait ? demanda Morrel ; quel moyen étrange a-t-il employé ?

Valentine ouvrait la bouche pour tout raconter ; mais elle songea qu’il y avait au fond de tout cela un secret terrible qui n’était point à son grand-père seulement.

— Plus tard, dit-elle, je vous raconterai tout cela.

— Mais quand ?

— Quand je serai votre femme.

C’était mettre la conversation sur un chapitre qui rendait Morrel facile à tout entendre : aussi il entendit même qu’il devait se contenter de ce qu’il savait, et que c’était assez pour un jour. Cependant il ne consentit à se retirer que sur la promesse qu’il verrait Valentine le lendemain soir.

Valentine promit ce que voulut Morrel. Tout était changé à ses yeux, et certes il lui était moins difficile de croire maintenant qu’elle épouserait Maximilien, que de croire une heure auparavant qu’elle n’épouserait pas Franz.

Pendant ce temps, madame de Villefort était montée chez Noirtier.

Noirtier la regarda de cet œil sombre et sévère avec lequel il avait coutume de la recevoir.

— Monsieur, lui dit-elle, je n’ai pas besoin de vous apprendre que le mariage de Valentine est rompu, puisque c’est ici que cette rupture a eu lieu.

Noirtier resta impassible.

— Mais, continua madame de Villefort, ce que vous ne savez pas, monsieur, c’est que j’ai toujours été opposée à ce mariage, qui se faisait malgré moi.

Noirtier regarda sa belle-fille en homme qui attend une explication.

— Or, maintenant que ce mariage, pour lequel je connaissais votre répugnance, est rompu, je viens faire près