Aller au contenu

Page:Dumas - Le Comte de Monte-Cristo (1889) Tome 5.djvu/168

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

XI

L’INSULTE.

À la porte du banquier, Beauchamp arrêta Morcerf.

— Écoutez, lui dit-il, tout à l’heure je vous ai dit, chez M. Danglars, que c’était à M. de Monte-Cristo que vous deviez demander une explication ?

— Oui, et nous allons chez lui.

— Un instant, Morcerf ; avant d’aller chez le comte, réfléchissez.

— À quoi voulez-vous que je réfléchisse ?

— À la gravité de la démarche.

— Est-elle plus grave que d’aller chez M. Danglars ?

— Oui ; M. Danglars était un homme d’argent, et, vous le savez, les hommes d’argent savent trop le capital qu’ils risquent pour se battre facilement. L’autre, au contraire, est un gentilhomme, en apparence du moins ; mais ne craignez-vous pas, sous le gentilhomme, de rencontrer le bravo ?

— Je ne crains qu’une chose, c’est de trouver un homme qui ne se batte pas.

— Oh ! soyez tranquille, dit Beauchamp, celui-là se battra. J’ai même peur d’une chose, c’est qu’il ne se batte trop bien ; prenez garde !

— Ami, dit Morcerf avec un beau sourire, c’est ce que je demande ; et ce qui peut m’arriver de plus heureux c’est d’être tué pour mon père : cela nous sauvera tous.

— Votre mère en mourra !

— Pauvre mère, dit Albert en passant la main sur ses