— Ne me dites pas ces choses-là ! s’écria Monte-Cristo avec le premier mouvement de colère qu’il eût paru éprouver ; je le ferais souffrir !
Morrel, stupéfait, laissa tomber la main de Monte-Cristo.
— Comte, comte ! dit-il.
— Cher Maximilien, interrompit le comte, écoutez de quelle adorable façon Duprez chante cette phrase :
Tenez, j’ai deviné le premier Duprez à Naples et l’ai applaudi le premier. Bravo ! bravo !
Morrel comprit qu’il n’y avait plus rien à dire, et il attendit.
La toile, qui s’était levée à la fin de la scène d’Albert, retomba presque aussitôt. On frappa à la porte.
— Entrez, dit Monte-Cristo sans que sa voix décelât la moindre émotion.
Beauchamp parut.
— Bonsoir, monsieur Beauchamp, dit Monte-Cristo, comme s’il voyait le journaliste pour la première fois de la soirée ; asseyez-vous donc.
Beauchamp salua, entra et s’assit.
— Monsieur, dit-il à Monte-Cristo, j’accompagnais tout à l’heure, comme vous avez pu le voir, M. de Morcerf.
— Ce qui veut dire, reprit Monte-Cristo en riant, que vous venez probablement de dîner ensemble. Je suis heureux de voir, monsieur Beauchamp, que vous êtes plus sobre que lui.
— Monsieur, dit Beauchamp, Albert a eu, j’en conviens, le tort de s’emporter, et je viens pour mon propre compte vous faire des excuses. Maintenant que mes excuses sont faites, les miennes, entendez-vous,