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XIV

LA MÈRE ET LE FILS.

Le comte de Monte-Cristo salua les cinq jeunes gens avec un sourire plein de mélancolie et de dignité, et remonta dans sa voiture avec Maximilien et Emmanuel.

Albert, Beauchamp et Château-Renaud restèrent seuls sur le champ de bataille.

Le jeune homme attacha sur ses deux témoins un regard qui, sans être timide, semblait pourtant leur demander leur avis sur ce qui venait de se passer.

— Ma foi ! mon cher ami, dit Beauchamp le premier, soit qu’il eût plus de sensibilité, soit qu’il eût moins de dissimulation, permettez-moi de vous féliciter : voilà un dénoûment bien inespéré à une bien désagréable affaire.

Albert resta muet et concentré dans sa rêverie. Château-Renaud se contenta de battre sa botte avec sa canne flexible.

— Ne partons-nous pas ? dit-il après ce silence embarrassant.

— Quand il vous plaira, répondit Beauchamp ; laissez-moi seulement le temps de complimenter M. de Morcerf ; il a fait preuve aujourd’hui d’une générosité si chevaleresque… si rare !

— Oh ! oui, dit Château-Renaud.

— C’est magnifique, continua Beauchamp, de pouvoir conserver sur soi-même un empire aussi grand !

— Assurément : quant à moi, j’en eusse été