Page:Dumas - Le Comte de Monte-Cristo (1889) Tome 5.djvu/246

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

— Pauvre comtesse ! dit Maximilien, c’est elle que je plains surtout, une si noble femme !

— Plaignez aussi Albert, Maximilien ; car, croyez-le c’est le digne fils de la comtesse. Mais revenons à vous : vous accouriez vers moi, m’avez-vous dit ; aurais-je le bonheur que vous eussiez besoin de moi ?

— Oui, j’ai besoin de vous, c’est-à-dire que j’ai cru comme un insensé que vous pouviez me porter secours dans une circonstance où Dieu seul peut me secourir.

— Dites toujours, répondit Monte-Cristo.

— Oh ! dit Morrel, je ne sais en vérité s’il m’est permis de révéler un pareil secret à des oreilles humaines ; mais la fatalité m’y pousse, la nécessité m’y contraint, comte.

Morrel s’arrêta hésitant.

— Croyez-vous que je vous aime ? dit Monte-Cristo, prenant affectueusement la main du jeune homme entre les siennes.

— Oh ! tenez, vous m’encouragez, et puis quelque chose me dit là (Morrel posa la main sur son cœur) que je ne dois pas avoir de secret pour vous.

— Vous avez raison, Morrel, c’est Dieu qui parle à votre cœur, et c’est votre cœur qui vous parle. Redites-moi ce que vous dit votre cœur.

— Comte, voulez-vous me permettre d’envoyer Baptistin demander de votre part des nouvelles de quelqu’un que vous connaissez ?

— Je me suis mis à votre disposition, à plus forte raison j’y mets mes domestiques.

— Oh ! c’est que je ne vivrai pas, tant que je n’aurai pas la certitude qu’elle va mieux.

— Voulez-vous que je sonne Baptistin ?

— Non, je vais lui parler moi-même.

Morrel sortit, appela Baptistin et lui dit quelques