Page:Dumas - Le Comte de Monte-Cristo (1889) Tome 5.djvu/254

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— Oui, dit le médecin, je répète ma phrase : elle vit encore, et j’en suis bien surpris.

— Mais elle est sauvée ? demanda le père.

— Oui, puisqu’elle vit.

En ce moment le regard de d’Avrigny rencontra l’œil de Noirtier, il étincelait d’une joie si extraordinaire, d’une pensée tellement riche et féconde, que le médecin en fut frappé.

Il laissa retomber sur le fauteuil la jeune fille, dont les lèvres se dessinaient à peine, tant pâles et blanches elles étaient, à l’unisson du reste du visage, et demeura immobile et regardant Noirtier, par qui tout mouvement du docteur était attendu et commenté.

— Monsieur, dit alors d’Avrigny à Villefort, appelez la femme de chambre de mademoiselle Valentine, s’il vous plaît.

Villefort quitta la tête de sa fille qu’il soutenait, et courut lui-même appeler la femme de chambre.

Aussitôt que Villefort eut refermé la porte, d’Avrigny s’approcha de Noirtier.

— Vous avez quelque chose à me dire ? demanda-t-il.

Le vieillard cligna expressivement des yeux, c’était, on se le rappelle, le seul signe affirmatif qui fût à sa disposition.

— À moi seul ?

— Oui, fit Noirtier.

— Bien, je demeurerai avec vous.

En ce moment Villefort rentra, suivi de la femme de chambre ; derrière la femme de chambre marchait madame de Villefort.

— Mais qu’a donc fait cette chère enfant ? s’écria-t-elle ; elle sort de chez moi, et elle s’est bien plainte d’être indisposée, mais je n’avais pas cru que c’était sérieux.