Page:Dumas - Le Comte de Monte-Cristo (1889) Tome 5.djvu/258

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— En effet, vous m’avez entendu dire qu’il entrait de la brucine dans les potions que je vous donne ?

— Oui.

— Et en l’accoutumant à ce poison, vous avez voulu neutraliser les effets d’un poison ?

Même joie triomphante de Noirtier.

— Et vous y êtes parvenu en effet ! s’écria d’Avrigny. Sans cette précaution, Valentine était tuée aujourd’hui, tuée sans secours possible, tuée sans miséricorde ; la secousse a été si violente ! mais elle n’a été qu’ébranlée, et cette fois du moins Valentine ne mourra pas.

Une joie surhumaine épanouissait les yeux du vieillard, levés au ciel avec une expression de reconnaissance infinie.

En ce moment Villefort rentra.

— Tenez, docteur, dit-il, voici ce que vous avez demandé.

— Cette potion a été préparée devant vous ?

— Oui, répondit le procureur du roi.

— Elle n’est pas sortie de vos mains ?

— Non.

D’Avrigny prit la bouteille, versa quelques gouttes du breuvage qu’elle contenait dans le creux de sa main et les avala.

— Bien, dit-il, montons chez Valentine, j’y donnerai mes instructions à tout le monde, et vous veillerez vous-même, monsieur de Villefort, à ce que personne ne s’en écarte.

Au moment où d’Avrigny rentrait dans la chambre de Valentine, accompagné de Villefort, un prêtre italien, à la démarche sévère, aux paroles calmes et décidées, louait pour son usage la maison attenante à l’hôtel habité par M. de Villefort.