Page:Dumas - Le Comte de Monte-Cristo (1889) Tome 5.djvu/282

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Il se fit à l’instant même un cercle autour de la porte.

Le comte, d’un seul coup d’œil, aperçut madame Danglars à un bout du salon, M. Danglars à l’autre, et mademoiselle Eugénie devant lui.

Il s’approcha d’abord de la baronne, qui causait avec madame de Villefort, qui était venue seule, Valentine étant toujours souffrante ; et sans dévier, tant le chemin se frayait devant lui, il passa de la baronne à Eugénie, qu’il complimenta en termes si rapides et si réservés, que la fière artiste en fut frappée.

Près d’elle était mademoiselle Louise d’Armilly, qui remercia le comte des lettres de recommandation qu’il lui avait si gracieusement données pour l’Italie, et dont elle comptait, lui dit-elle, faire incessamment usage.

En quittant ces dames, il se retourna et se trouva près de Danglars, qui s’était approché pour lui donner la main.

Ces trois devoirs sociaux accomplis, Monte-Cristo s’arrêta, promenant autour de lui ce regard assuré empreint de cette expression particulière aux gens d’un certain monde et surtout d’une certaine portée, regard qui semble dire :

« J’ai fait ce que j’ai dû ; maintenant que les autres fassent ce qu’ils me doivent. »

Andrea, qui était dans un salon contigu, sentit cette espèce de frémissement que Monte-Cristo avait imprimé à la foule, et il accourut saluer le comte.

Il le trouva complètement entouré ; on se disputait ses paroles, comme il arrive toujours pour les gens qui parlent peu et qui ne disent jamais un mot sans valeur.

Les notaires firent leur entrée en ce moment, et vinrent installer leurs pancartes griffonnées sur le velours brodé