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Page:Dumas - Le Comte de Monte-Cristo (1889) Tome 5.djvu/31

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mieux qu’il put sa colère, il se fit conduire chez Beauchamp ; Beauchamp était à son journal.

Albert se fit conduire au journal.

Beauchamp était dans un cabinet sombre et poudreux comme sont de fondation les bureaux de journaux.

On lui annonça Albert de Morcerf. Il fit répéter deux fois l’annonce ; puis, mal convaincu encore, il cria :

— Entrez !

Albert parut. Beauchamp poussa une exclamation en voyant son ami franchir les liasses de papier, et fouler d’un pied mal exercé les journaux de toutes grandeurs qui jonchaient non point le parquet, mais le carreau rougi de son bureau.

— Par ici, par ici, mon cher Albert, dit-il, en tendant la main au jeune homme ; qui diable vous amène ? êtes-vous perdu comme le petit Poucet, ou venez-vous tout bonnement me demander à déjeuner ? Tâchez de trouver une chaise ; tenez, là-bas, près de ce géranium qui, seul ici, me rappelle qu’il y a au monde des feuilles qui ne sont pas des feuilles de papier.

— Beauchamp, dit Albert, c’est de votre journal que je viens vous parler.

— Vous, Morcerf ? que désirez-vous ?

— Je désire une rectification.

— Vous, une rectification ? À propos de quoi, Albert ? mais asseyez-vous donc !

— Merci, répondit Albert pour la seconde fois, et avec un léger signe de tête.

— Expliquez-vous.

— Une rectification sur un fait qui porte atteinte à l’honneur d’un membre de ma famille.

— Allons donc ! dit Beauchamp, surpris. Quel fait ? Cela ne se peut pas.