Page:Dumas - Le Comte de Monte-Cristo (1889) Tome 5.djvu/40

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sévère, nous respecterons les convenances, la volonté même de nos parents, pourvu que cette volonté ne tende pas à nous séparer toujours ; en un mot, et je répète ce mot parce qu’il dit tout, nous attendrons.

— Et les sacrifices que ce mot impose, monsieur, dit Morrel, je vous jure de les accomplir, non pas avec résignation, mais avec bonheur.

— Ainsi, continua Valentine avec un regard bien doux au cœur de Maximilien, plus d’imprudences, mon ami, ne compromettez pas celle qui, à partir d’aujourd’hui, se regarde comme destinée à porter purement et dignement votre nom.

Morrel appuya sa main sur son cœur.

Cependant Noirtier les regardait tous deux avec tendresse. Barrois, qui était resté au fond comme un homme à qui l’on a rien à cacher, souriait en essuyant les grosses gouttes d’eau qui tombaient de son front chauve.

— Oh ! mon Dieu, comme il a chaud, ce bon Barrois, dit Valentine.

— Ah ! dit Barrois, c’est que j’ai bien couru, allez, mademoiselle ; mais M. Morrel, je dois lui rendre cette justice-là, courait encore plus vite que moi.

Noirtier indiqua de l’œil un plateau sur lequel étaient servis une carafe de limonade et un verre. Ce qui manquait dans la carafe avait été bu une demi-heure auparavant par Noirtier.

— Tiens, bon Barrois, dit la jeune fille, prends, car je vois que tu couves des yeux cette carafe entamée.

— Le fait est, dit Barrois, que je meurs de soif, et que je boirai bien volontiers un verre de limonade à votre santé.

— Bois donc, dit Valentine, et reviens dans un instant.

Barrois emporta le plateau, et à peine était-il dans le