Son premier regard, en arrivant à la porte, fut pour Noirtier, dont le visage, sauf l’émotion bien naturelle dans une semblable circonstance, annonçait une santé égale ; son second coup d’œil rencontra le moribond.
Elle pâlit, et son œil rebondit pour ainsi dire du serviteur sur le maître.
— Mais au nom du ciel, madame, où est le docteur ? il est entré chez vous. C’est une apoplexie, vous le voyez bien, avec une saignée on le sauvera.
— A-t-il mangé depuis peu ? demanda madame de Villefort éludant la question.
— Madame, dit Valentine, il n’a pas déjeuné, mais il a fort couru ce matin pour faire une commission dont l’avait chargé bon-papa. Au retour seulement il a pris un verre de limonade.
— Ah ! fit madame de Villefort, pourquoi pas du vin ? C’est très mauvais la limonade.
— La limonade était là sous sa main, dans la carafe de bon-papa ; le pauvre Barrois avait soif, il a bu ce qu’il a trouvé.
Madame de Villefort tressaillit. Noirtier l’enveloppa de son regard profond.
— Il a le cou si court ! dit-elle.
— Madame, dit Villefort, je vous demande où est M. d’Avrigny ; au nom du ciel, répondez !
— Il est dans la chambre d’Édouard qui est un peu souffrant, dit madame de Villefort, qui ne pouvait éluder plus longtemps.
Villefort s’élança dans l’escalier pour l’aller chercher lui-même.
— Tenez, dit la jeune femme en donnant son flacon à Valentine, on va le saigner sans doute. Je remonte chez moi, car je ne puis supporter la vue du sang.