M. d’Avrigny sourit d’un air sombre.
— Comment vous sentez-vous, Barrois ? demanda le docteur.
— Un peu mieux, monsieur.
— Pouvez-vous boire ce verre d’eau éthérée ?
— Je vais essayer ; mais ne me touchez pas.
— Pourquoi ?
— Parce qu’il me semble que si vous me touchiez, ne fût-ce que du bout du doigt, l’accès me reprendrait.
— Buvez.
Barrois prit le verre, l’approcha de ses lèvres violettes et le vida à moitié à peu près.
— Où souffrez-vous ? demanda le docteur.
— Partout ; j’éprouve comme d’effroyables crampes.
— Avez-vous des éblouissements ?
— Oui.
— Des tintements d’oreille ?
— Affreux.
— Quand cela vous a-t-il pris ?
— Tout à l’heure.
— Rapidement ?
— Comme la foudre.
— Rien hier ? rien avant-hier ?
— Rien.
— Pas de somnolence ? pas de pesanteurs ?
— Non.
— Qu’avez-vous mangé aujourd’hui ?
— Je n’ai rien mangé ; j’ai bu seulement un verre de la limonade de monsieur, voilà tout.
Et Barrois fit de la tête un signe pour désigner Noirtier qui, immobile dans son fauteuil, contemplait cette terrible scène sans en perdre un mouvement, sans laisser échapper une parole.