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Page:Dumas - Le Comte de Monte-Cristo (1889) Tome 5.djvu/92

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La fenêtre où l’on travaillait était en face de l’ouverture par laquelle le comte plongeait son regard dans le cabinet. Ses yeux se fixèrent donc vers cette fenêtre : il vit une ombre se dessiner plus épaisse sur l’obscurité ; puis un des carreaux devint tout à fait opaque, comme si l’on y collait du dehors une feuille de papier, puis le carreau craqua sans tomber. Par l’ouverture pratiquée, un bras passa qui chercha l’espagnolette ; une seconde après la fenêtre tourna sur ses gonds, et un homme entra.

L’homme était seul.

— Voilà un hardi coquin ! murmura le comte.

En ce moment il sentit qu’Ali lui touchait doucement l’épaule ; il se retourna : Ali lui montrait la fenêtre de la chambre où ils étaient, et qui donnait sur la rue.

Monte-Cristo fit trois pas vers cette fenêtre ; il connaissait l’exquise délicatesse des sens du fidèle serviteur. En effet, il vit un autre homme qui se détachait d’une porte, et, montant sur une borne, semblait chercher à voir ce qui se passait chez le comte.

— Bon ! dit-il, ils sont deux : l’un agit, l’autre guette.

Il fit signe à Ali de ne pas perdre des yeux l’homme de la rue, et revint à celui du cabinet.

Le coupeur de vitres était entré et s’orientait, les bras tendus en avant.

Enfin il parut s’être rendu compte de toutes choses ; il y avait deux portes dans le cabinet, il alla pousser les verrous de toutes deux.

Lorsqu’il s’approcha de celle de la chambre à coucher, Monte-Cristo crut qu’il venait pour entrer, et prépara un de ses pistolets ; mais il entendit simplement le bruit des verrous glissant dans leurs anneaux de cuivre. C’était une précaution, voilà tout ; le nocturne visiteur, ignorant le soin qu’avait pris le comte d’enlever les gâches,