Page:Dumas - Le Comte de Monte-Cristo (1889) Tome 6.djvu/191

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Là, le verrou était mis.

Il s’arrêta frissonnant.

— Héloïse ! cria-t-il.

Il lui sembla entendre remuer un meuble.

— Héloïse ! répéta-t-il.

— Qui est là ? demanda la voix de celle qu’il appelait.

Il lui sembla que cette voix était plus faible que de coutume.

— Ouvrez ! ouvrez ! s’écria Villefort, c’est moi !

Mais malgré cet ordre, malgré le ton d’angoisse avec lequel il était donné, on n’ouvrit pas.

Villefort enfonça la porte d’un coup de pied.

À l’entrée de la chambre qui donnait dans son boudoir, madame de Villefort était debout, pâle, les traits contractés, et le regardant avec des yeux d’une fixité effrayante.

— Héloïse ! Héloïse ! dit-il, qu’avez-vous ? parlez !

La jeune femme étendit vers lui sa main roide et livide.

— C’est fait, monsieur, dit-elle avec un râlement qui sembla déchirer son gosier ; que voulez-vous donc encore de plus ?

Et elle tomba de sa hauteur sur le tapis.

Villefort courut à elle, lui saisit la main. Cette main serrait convulsivement un flacon de cristal à bouchon d’or.

Madame de Villefort était morte.

Villefort, ivre d’horreur, recula jusqu’au seuil de la chambre et regarda le cadavre.

— Mon fils ! s’écria-t-il tout à coup ; où est mon fils ? Édouard ! Édouard !

Et il se précipita hors de l’appartement en criant : Édouard ! Édouard !