Aller au contenu

Page:Dumas - Le Comte de Monte-Cristo (1889) Tome 6.djvu/22

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

pendant cette nuit été de garde à l’Hôtel de Ville (l’Hôtel de Ville est attenant à l’auberge de la Cloche), d’après le rapport des sentinelles, disons-nous, il avait été constaté que plusieurs voyageurs étaient descendus pendant la nuit à l’hôtel.

La sentinelle qu’on avait relevée à six heures du matin se rappelait même, au moment où elle venait d’être placée, c’est-à-dire à quatre heures et quelques minutes, avoir vu un jeune homme monté sur un cheval blanc ayant un petit paysan en croupe, lequel jeune homme était descendu sur la place, avait congédié paysan et cheval, et était allé frapper à l’hôtel de la Cloche, qui s’était ouvert devant lui et s’était refermé sur lui.

C’était sur ce jeune homme si singulièrement attardé que s’étaient arrêtés les soupçons.

Or, ce jeune homme n’était autre qu’Andrea.

C’était, forts de ces données, que le commissaire de police et le gendarme, qui était un brigadier, s’acheminaient vers la porte d’Andrea.

Cette porte était entre-bâillée.

— Oh ! oh ! dit le brigadier, vieux renard nourri dans les ruses de l’état, mauvais indice qu’une porte ouverte ! je l’aimerais mieux verrouillée à triple verrous !

En effet, la petite lettre et l’épingle laissées par Andrea sur la table confirmèrent ou plutôt appuyèrent la triste vérité. Andrea s’était enfui.

Nous disons appuyèrent, parce que le brigadier n’était pas homme à se rendre sur une seule preuve.

Il regarda autour de lui, plongea son œil sous le lit, dédoubla les rideaux, ouvrit les armoires, et enfin s’arrêta à la cheminée.

Grâce aux précautions d’Andrea, aucune trace de son passage n’était demeurée dans les cendres.