Page:Dumas - Le Comte de Monte-Cristo (1889) Tome 6.djvu/255

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— Ah ! Excellence, reprit Peppino, ce n’est pas l’usage.

— C’est une assez mauvaise raison, reprit Danglars, qui comptait amadouer son gardien par son amabilité, et cependant je m’en contente. Voyons, qu’on me serve à manger.

— À l’instant même, Excellence ; que désirez-vous ?

Et Peppino posa son écuelle à terre, de telle façon que la fumée en monta directement aux narines de Danglars.

— Commandez, dit-il.

— Vous avez donc des cuisines ici ? demanda le banquier.

— Comment ! si nous avons des cuisines ? des cuisines parfaites !

— Et des cuisiniers ?

— Excellents !

— Eh bien, un poulet, un poisson, du gibier, n’importe quoi, pourvu que je mange.

— Comme il plaira à Votre Excellence ; nous disons un poulet, n’est-ce pas ?

— Oui, un poulet.

Peppino, se redressant, cria de tous ses poumons :

— Un poulet pour Son Excellence !

La voix de Peppino vibrait encore sous les voûtes, que déjà paraissait un jeune homme, beau, svelte, et à moitié nu comme les porteurs de boissons antiques ; il apportait le poulet sur un plat d’argent, et le poulet tenait seul sur sa tête.

— On se croirait au Café de Paris, murmura Danglars.

— Voilà, Excellence ! dit Peppino en prenant le poulet des mains du jeune bandit et en le posant sur une table vermoulue qui faisait, avec un escabeau et le lit de peaux de bouc, la totalité de l’ameublement de la cellule.