L’estomac de Danglars lui semblait à lui même percé comme le tonneau des Danaïdes ; il ne pouvait croire qu’il parviendrait à le remplir jamais.
Cependant il prit patience une demi-heure encore ; mais il est juste de dire que cette demi-heure lui parut un siècle.
Il se leva et alla de nouveau à la porte.
— Voyons, monsieur, dit-il, ne me faites pas languir plus longtemps, et dites-moi tout de suite ce que l’on veut de moi ?
— Mais, Excellence, dites plutôt ce que vous voulez de nous… Donnez vos ordres et nous les exécuterons.
— Alors ouvrez-moi d’abord.
Peppino ouvrit.
— Je veux, dit Danglars, pardieu ! je veux manger !
— Vous avez faim ?
— Et vous le savez, du reste.
— Que désire manger Votre Excellence ?
— Un morceau de pain sec, puisque les poulets sont hors de prix dans ces maudites caves.
— Du pain ! soit, dit Peppino. Holà ! du pain ! cria-t-il.
Le jeune garçon apporta un petit pain.
— Voilà ! dit Peppino.
— Combien ? demanda Danglars.
— Quatre mille neuf cent quatre-vingt-dix-huit louis, il y a deux louis payés d’avance.
— Comment, un pain, cent mille francs ?
— Cent mille francs, dit Peppino.
— Mais vous ne demandiez que cent mille francs pour un poulet !
— Nous ne servons pas à la carte, mais à prix fixe. Qu’on mange peu, qu’on mange beaucoup, qu’on de-