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Page:Dumas - Le Comte de Monte-Cristo (1889) Tome 6.djvu/272

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— Comment cela ?

— Oui, ici, vous riez.

Le front de Monte-Cristo s’assombrit tout à coup.

— Vous avez raison de me rappeler à moi même, Maximilien, dit-il ; vous revoir était un bonheur pour moi, et j’oubliais que tout bonheur est passager.

— Oh ! non, non, comte ! s’écria Morrel en saisissant de nouveau les deux mains de son ami ; riez au contraire, soyez heureux, vous, et prouvez-moi par votre indifférence que la vie n’est mauvaise qu’à ceux qui souffrent. Oh ! vous êtes charitable ; vous êtes bon, vous êtes grand, mon ami, et c’est pour me donner du courage que vous affectez cette gaieté.

— Vous vous trompez, Morrel, dit Monte-Cristo, c’est qu’en effet j’étais heureux.

— Alors vous m’oubliez moi même ; tant mieux !

— Comment cela ?

— Oui, car vous le savez, ami, comme disait le gladiateur entrant dans le cirque au sublime empereur, je vous dis à vous : « Celui qui va mourir te salue. »

— Vous n’êtes pas consolé ? demanda Monte-Cristo avec un regard étrange.

— Oh ! fit Morrel avec un regard plein d’amertume, avez-vous cru réellement que je pouvais l’être ?

— Écoutez, dit le comte, vous entendez bien mes paroles, n’est-ce pas, Maximilien ? Vous ne me prenez pas pour un homme vulgaire, pour une crécelle qui émet des sons vagues et vides de sens. Quand je vous demande si vous êtes consolé, je vous parle en homme pour qui le cœur humain n’a plus de secret. Eh bien ! Morrel, descendons ensemble au fond de votre cœur et sondons-le. Est-ce encore cette impatience fougueuse de douleur qui fait bondir le corps comme bondit le lion piqué par le